Agnès Salfray est une femme dynamique, volontaire, à la recherche de découvertes. En 2017, son mari obtient une opportunité professionnelle au pays du soleil levant. Ils décident de quitter la France et de partir en famille avec leurs 3 enfants, vivre une expérience d’expatriation au Japon, un pays si éloigné géographiquement et culturellement de l’Europe…
Agnès a accepté de partager son vécu, ses bonnes surprises, ses réussites mais aussi les difficultés ressenties pour pouvoir parvenir à une bonne intégration avec le statut « d’expatrié français » au Japon.
Bonjour Agnès ! Peux-tu te présenter rapidement et nous dire ce qui t’a amené à partir en expatriation au Japon ?
J’ai vécu 4 ans à Londres au début de ma carrière et l’idée de repartir un jour m’expatrier à l’étranger me séduisait bien… Après près de 20 ans dans le Marketing et le Business Development, l’opportunité s’est à nouveau présentée : mon mari pouvait être muté au Japon… Une occasion rêvée de vivre à l’étranger, en famille, dans un pays à la fois fascinant et si mystérieux à nos yeux. Après mure réflexion, j’ai donc sauté le pas et quitté mon pays d’origine et mon poste de Directrice Marketing d’un cabinet d’avocats d’affaires à Paris pour suivre mon mari et vivre la vie d’une famille expatriée à Tokyo…
Depuis combien de temps expérimentes-tu la vie d’expat à Tokyo ?
Nous sommes arrivés à Tokyo en août 2017, après quelques semaines intenses de préparatifs pour gérer notre mobilité internationale. Quitter la France et changer de vie m’a demandé un travail personnel important. Il m’a fallu apprendre à tourner rapidement la page, accepter de me projeter dans un pays inconnu. Pas simple pour moi qui ai toujours accordé beaucoup d’importance à mes projets professionnels. Côté famille, j’avais moins d’inquiétudes sachant que les enfants ne perdraient pas tous leurs repères, étant scolarisés au Lycée Français.
Quelle a été ta première impression lorsque tu as commencé à y vivre ? Peux-tu nous citer quelques faits et coutumes qui t’ont particulièrement marqués ?
J’étais très emballée par la perspective de vivre au Japon mais avant de partir j’avais quelques aprioris sur la vie de futurs expatriés que nous allions avoir à Tokyo, métropole de plus de 40 millions d’habitants et agglomération la plus peuplée au monde ! J’y ai découvert une ville très aérée et propre avec de grands parcs magnifiques, beaucoup de véhicules neufs voire électriques, des transports en commun d’une ponctualité sans pareil et surtout un nombre incalculables de rues et ruelles sans circulation… Une sérénité incroyable se dégage de Tokyo telle que les enfants dès le plus jeune âge, vont et viennent seuls. Un vrai plaisir, loin des clichés. La discipline, la politesse et le respect dont font preuve les japonais sont incroyables.
En revanche, nous allions faire l’expérience avec un peu d’appréhension dans les semaines qui suivraient des relations géopolitiques tendues entre le Japon et la Corée du Nord… S’ajoutait à cela les spécificités locales révélées par les formations à la sécurité en cas de séismes et ressentions dès mi-septembre les premières secousses d’une terre en mouvement sur la zone !
Comment s’est passé ton départ en expatriation et l’installation dans le pays d’accueil avec ta famille ?
Nous avons eu la chance de pouvoir bénéficier d’un accompagnement sur mesure par une agence de relocation, qui nous a permis un départ de France, mais surtout une installation au Japon tout en douceur. Au programme : voyage de reconnaissance, assistance à la recherche de logement, réalisation des formalités administratives et d’immigration, ouverture de comptes bancaires et lignes téléphoniques, formation culturelle et aux risques, changement du permis de conduire… Un accompagnement et un gain de temps très précieux. Nous allions vite réaliser que partir seuls dans des démarches d’installation sans parler le japonais était une tache ardue… voire mission impossible ! Différences culturelles et de modes opératoires, obligent.
Côté professionnel, comment s’est passé l’organisation de ton départ pour suivre ton conjoint ?
A la suite de ma démission pour suivi de conjoint, une nouvelle page s’ouvrait et tout restait à écrire… J’ai eu la chance de me voir proposer par le cabinet d’avocats pour lequel je travaillais jusque alors de faire du home office depuis le Japon dès mon arrivée pour quelques mois. Cela a été très appréciable de pouvoir continuer à travailler de la maison tout en commençant à prendre des contacts professionnels sur place pour la suite, notamment pour finaliser l’installation et surtout pour pouvoir assurer la transition avec les enfants en étant plus présente.
D’un point de vue personnel, nous avons été très agréablement surpris par l’accueil que nous avons eu et par la facilité de notre intégration sur place. Nous avons profité de nos connaissances respectives avec mon mari pour tirer le fil de nos contacts sur place : amis installés ici, connaissances professionnelles, amis d’amis… L’intégration aux différentes communautés d’expatriés, principalement la communauté des français à l’étranger et anglo-saxonne, a été quasi immédiate à notre arrivée. Quelques contacts également avec des japonais, ravis de voir arriver notre famille et d’aider mais s’intégrer à la population locale restant quand même chose compliquée. Les enfants se sont eux aussi vite habitués à la vie au Japon en se faisant rapidement des amis.
Et toi, comment s’est passée ton intégration dans le pays ? Tu as réussi à trouver un travail… Est-ce facile de trouver un emploi là-bas quand on est française avec un statut de conjoint d’expatrié, comment tu t’y es prise ?
L’idée de capitaliser d’un point de vue professionnel sur cette parenthèse de vie était importante pour moi et trouver du travail était un défi que je m’étais fixé. J’ai vite compris que la maîtrise du japonais était importante dans un pays où l’anglais reste peu parlé… cela réduisait-il considérablement les chances de concilier carrière et expatriation ? Pourquoi ne pas mettre à profit ce temps qui m’avait tant manqué en France pour suivre une formation ? Après quelques prises de contacts, je me tournais vers un cursus de l’ESSEC proposé par la CCI France Japon. Après un entretien pour rejoindre cette formation, j’eu la surprise de recevoir un appel du Directeur général de la CCI qui avait un poste à me proposer. Je débutais 2 semaines plus tard, début janvier 2018!
Travailler à la CCI constitue pour moi une très belle opportunité de travail à l’international dans une structure très active et au cœur des préoccupations business de la communauté d’affaires franco-japonaise. Le poste que j’occupe est parfaitement en lien avec mon parcours professionnel et me permet de piloter des projets ambitieux et passionnants dans un contexte japonais avec des dirigeants de groupes issus de nombreux secteurs d’activité.
Si c’était à refaire, tu changerais quoi ?
Apprendre la langue dès le 1er jour ! J’ai hésité à me lancer dans l’apprentissage du japonais, mais après quelques mois ayant constaté qu’il était impossible d’apprendre (ne serait-ce que les rudiments) via les interactions quotidiennes et après avoir animé une réunion de travail avec des dirigeants japonais de grands groupes, sans avoir la possibilité de me plier à certains rituels (remettre sa carte de visite en bonne et due forme, remerciements…), je décidais de me lancer. A tout âge, il est possible d’apprendre une nouvelle langue et c’est une vraie satisfaction de pouvoir constater les progrès de ses propres apprentissages.
Ce joli proverbe japonais résume bien mon état d’esprit : « I no naka no kawazu, taikai o shirazu » : la grenouille dans le puits ne connaît rien du grand océan… Cette aventure à 10 000 km de nos racines est particulièrement riche pour nous, avec beaucoup de belles découvertes. Un très beau pays, une civilisation incroyable et surtout tellement de pistes à creuser pour satisfaire notre curiosité intellectuelle : histoire, relations internationales, religions, géographie, culture d’entreprise, alimentation, mode de vie… et essayer de comprendre ce qui fait la singularité de ce pays. Jetez-vous à l’eau !
Agnès, un grand merci pour ton témoignage sur ton expérience au Japon !