Et si l’expatriation des femmes à l’étranger n’était plus synonyme de coupure professionnelle mais plutôt d’évolution de carrière ? Alors que le nombre d’expatriés français est en hausse depuis ces dernières décennies, les femmes sont elles aussi de plus en plus nombreuses à envisager la mobilité internationale comme accélérateur de leur propre carrière. D’autant qu’au-delà des difficultés liées à l’expatriation-même, les femmes expatriées semblent exceller dans la réussite personnelle de leur projet de mobilité… ce qui en fait des atouts de taille pour les entreprises.
Le nombre de femmes expatriées de leur initiative est en nette augmentation depuis 10 ans. Qu’il s’agisse d’un projet individuel ou d’un départ en famille, selon le Ministère des Affaires Étrangères, les expatriées ont moins de 30 ans pour 25% d’entre elles et 6 expatriées sur 10 s’expatrient avec leur(s) enfant(s).
Ce glissement de statut de la femme d’expatrié vers la femme expatriée témoigne de la forte volonté des femmes à booster leur carrière via une expérience significative à l’étranger, notamment dans les pays asiatiques. Aujourd’hui, 20% des actifs à l’étranger sont des femmes contre 10% seulement en 2006.
Si pour la plus grande majorité des femmes à l’étranger, le conjoint reste encore à l’origine de la mobilité internationale, elles sont bel et bien de plus en plus nombreuses à plébisciter l’expatriation comme levier de rémunération. Selon une récente étude HSBC*, le Qatar a d’ailleurs aujourd’hui rejoint la Suisse parmi les destinations les plus en vogue en matière de rémunération pour ces nouveaux profils d’expatriés au féminin, malgré un coût de la vie plus élevé.
Enfin, pour 46% d’entre elles, la motivation première reste l’enrichissement personnel via l’expérience d’une autre culture et l’immersion dans un nouveau pays.
Si aujourd’hui, le nombre de femmes expatriées ayant accès à des postes à responsabilités à l’étranger est en augmentation, les stéréotypes ont pourtant la vie dure, notamment en matière d’inégalités salariales.
L’expatriation n’échappe pas à la règle. Peu importe le pays de destination, il demeure malheureusement des écarts dans les salaires, les primes de départ, les types de contrat ou tout simplement, les traitements entre femmes et hommes expatriés.
Aux plafonds de verre professionnels, s’ajoute en amont le refus de deux tiers des conjoints masculins à suivre leur compagne à l’étranger. Sur place dans le pays d’accueil, c’est le poids de la gestion familiale qui vient s’ajouter en difficulté supplémentaire, l’inclusion familiale incombant majoritairement à la femme expatriée, qu’elle soit ou non à l’origine de l’expatriation ou le revenu unique du foyer.
Plusieurs statistiques tendent à montrer que les femmes expatriées s’impliquent davantage que les hommes expatriés dans la dimension familiale et suivent notablement de plus près la bonne intégration des membres de la famille**.
Ce n’est pas un secret, les DRH savent aujourd’hui combien la réussite de l’expatriation ne tient pas qu’au succès professionnel des collaborateurs expatriés. Les études pointent la sphère personnelle et l’intégration familiale comme facteurs déterminants dans le succès d’une mobilité à l’étranger.
Les femmes expatriées sont largement plus motrices que leurs homologues masculins de la dynamique familiale dans le pays d’accueil et se révèlent plus sensibles à la bonne intégration du conjoint comme des enfants. En conséquence, c’est le projet d’expatriation dans son ensemble qui est piloté lorsque la femme est à l’origine de la mobilité internationale, du déménagement à l’intégration des enfants dans leur nouvelle école par exemple.
Pour Yvonne McNulty – Senior Lecturer à l’Université des Sciences Sociales de Singapour, ses 15 années d’études sur le sujet ne laissent pas la place au doute : les femmes expatriées sont mieux parées à piloter à 360° l’intégration de toute la famille en plus de leur nouvelle fonction et donc, semblent mieux à même de réussir le projet d’expatriation.
L’augmentation des femmes à l’origine d’une expatriation témoigne d’une réelle évolution du profil type du collaborateur expatrié.
Si de plus en plus de femmes se tournent vers la mobilité internationale pour booster leur carrière ou pour des motivations purement salariales, l’employeur a également ici une double carte à jouer : retenir les talents féminins en proposant des opportunités similaires à celles de leurs pairs masculins et promouvoir l’expatriation dans une dynamique d’égalité professionnelle et de parité.
Plus que jamais, la mobilité internationale est aujourd’hui un atout de taille pour se différencier de la concurrence et se positionner en tant qu’employeur engagé dans l’égalité professionnelle.
* Etude HSBC Expat Explorer
** Selon les recherches et la thèse d’Annie Wong et Hoan Tran « Expatriate management : How can the expatriation process be improved »